Se réinventer du jour au lendemain ? | Aurélie VAN ZIJL

Pouvez-vous nous expliquer comment l’annonce du confinement de la France le 16 mars dernier a impacté votre entreprise ?

Les formations en groupe en présentiel n’étaient plus d’actualité et la formation en ligne n’était pas envisageable car les circuits courts ont été très rapidement sollicité dès la première semaine.

En même temps, les agriculteurs avec qui j’avais échangé les semaines précédentes sont revenus vers moi pour me demander de trouver des solutions, rapide à mettre en place pour pouvoir commercialiser leurs productions.

Le faite d’être confiné les consommateurs ont pris le temps de réfléchir à ce qu’ils consommaient, comment ils le consommaient et de chercher ce qui étaient produit auprès de chez eux.

Les premières semaines, il y a beaucoup de consommateurs qui m’ont contacté pour savoir où ils pouvaient faire leurs courses localement. Mi-mars c’est une période de transition en légumes entre les légumes d’hiver et les légumes de printemps. J’ai eu plusieurs personnes qui m’ont demandé où ils pouvaient trouver des tomates et des concombres. A force de trouver tout, tout le temps les consommateurs ne connaissent plus les produits de saison.

Comment avez-vous dû faire évoluer votre activité ?

Des partenariats ont été mis en place au niveau de la région des Pays de la Loire avec Promus et Panier Local, des startups innovantes dans l’agriculture, et spécialisées sur la vente directe.

Avant le confinement, nous avons mis en place un partenariat avec Panier Local (partenaire de logiciel circuit-court) au niveau national, ce qui a permis à AZ DECISION d’être opérationnel tout de suite face à cette nouvelle demande.

Cette période a-t-elle été propice à des élans de solidarité ?

Pendant les premières semaines, j’ai tenu des permanences téléphoniques bénévolement pour des agriculteurs qui avaient l’habitude de vendre leurs produits en vente directe, mais qui n’arrivaient plus à faire face à la demande d’information des consommateurs. Certains jours, il pouvait y avoir jusqu’à 40 a

ppels par jour, sans parler des demandes par email et via les réseaux sociaux.

Pendant la période de confinement, j’ai partagé avec les agriculteurs de mon réseau des conseils pratiques pour anticiper l’après confinement car le nombre de demandes a tellement été disproportionnées qu’il a fallu anticiper très tôt l’après confinement pour répondre à cette nouvelle demande.

Quelles leçons ou quels impacts positifs pouvez-vous tirer de cet épisode ?

Le domaine agricole est un domaine très high tech, contrairement aux idées reçus. Mes prestations auprès des agriculteurs sont novatrices su

r les circuits-courts.

L’impact positif de cette période de confinement pendant le Covid-19 sur mon activité est que ça a donné un petit coup de pouce et une prise de consciences des producteurs en circuits courts de l’importance de la présence en ligne.

Période très controversé, car avant le confinement l’agribashing n’avait jamais été aussi important, et dès la première semaine nous sommes passés à l’Agriloving.

Ce Covid-19 a certes fait beaucoup de dégâts mais concernant l’agriculture cela a permis de recadrer un certain nombre de chose.

La période de confinement a été suffisamment longue pour que les consommateurs prennent de nouvelles habitudes de consommation, même si tout le monde ne les a pas conservés, cela a eu le mérite de faire prendre conscience de ce qui existait et de ce qui était possible de trouver localement.

La BGE a été présente dès le début du confinement, à l’écoute, et en posant les bonnes questions dès le début du confinement. Ce qui m’a aidé très rapidement à poser mes objectifs. Je pense que sans eux je n’en serai pas là aujourd’hui.

Le Réseau d’entrepreneurs donc je fais partie qui regroupent 10 entrepreneurs, nous a permis de garder nos énergies positives pour continuer à s’adapter, à se développer, et se réinventer. Ces échanges sur des problématiques communes sont constructives avec beaucoup de respect et de bienveillance.

Sur le plan personnel, c’était une période intense où les journées étaient assez longues entre l’école, le télétravail et l’entraide extérieur. Nous avons gardé le même rythme qu’avant confinement pour toute la famille. Nous avons adapté nos emplois du temps en fonction de nos enfants (4 et 6 ans) et de notre travail. Nous avons expliqué à nos enfants la situation dès le départ et ensemble nous avons écrit notre planning en famille avec les temps d’école, de pause gouter sportive du matin, les temps de travail, le temps bénévole, et la détente. Au départ, ce n’est pas évident pour les enfants de comprendre que Papa et Maman travaillaient à la maison et qu’ils n’étaient pas toujours dispos. Mais maintenant avec l’après confinement, ils demandent « Es-tu en télétravail aujourd’hui ? » et maintenant ils ont compris cette notion du télétravail et savent la respecter.

Et nous avons profité des petits moments simples de la vie.